Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

La mort de Victor-Emmanuel de Savoie, fils sulfureux du dernier roi d’Italie

« A 7 h 05 ce matin, 3 février 2024, Son Altesse royale Victor-Emmanuel, duc de Savoie et prince de Naples, entouré de sa famille, s’est éteint paisiblement à Genève. » C’est par ce sobre communiqué que la maison de Savoie a annoncé, samedi, la mort de Victor-Emmanuel, quelques jours avant son 87ᵉ anniversaire.
Né à Naples le 12 février 1937, il n’a que 9 ans quand il prend le chemin de l’exil après que les Italiens eurent choisi la république par référendum, le 2 juin 1946. Surnommé « le roi de mai », car il n’aura régné qu’à peine plus d’un mois, son père, Humbert II, comptait abdiquer en faveur de son fils, il n’a pas eu le loisir de le faire.
La république naissante honnit cette famille royale, symbole de plus de vingt années de compromission avec le fascisme. Beaucoup ne pardonnent pas à Victor-Emmanuel III (1869-1947), roi de 1900 à 1946, de s’être accommodé de l’ascension de Benito Mussolini, et en particulier d’avoir signé les lois raciales de 1938. L’Italie postfasciste tourne le dos à la maison de Savoie. Entrée en vigueur le 1er janvier 1948, la nouvelle Constitution italienne « interdit aux anciens rois de la maison de Savoie, à leurs épouses et à leurs descendants mâles d’entrer et de séjourner sur le territoire national ».
Après un court séjour au Portugal, c’est en Suisse que Victor-Emmanuel va vivre essentiellement son exil. Le prince s’ennuie. Ses années de jeunesse sont celles d’un flambeur. Amoureux de la vitesse, il manque de se tuer au volant de sa Ferrari et fait plusieurs séjours à l’hôpital. On le retrouve l’été dans les soirées huppées de Saint-Tropez (Var) ou l’hiver à Crans-Montana, dans le canton du Valais.
C’est dans la chic station suisse, en 1957, qu’il rencontre Marina Doria, une ancienne championne du monde de ski nautique, fille d’un industriel suisse de l’agroalimentaire. Son père s’oppose à leur union, car Marina Doria n’est pas d’ascendance noble, mais, en 1969, Victor-Emmanuel trouve un stratagème : il signe un décret s’autoproclamant roi, créant un titre de duchesse sur mesure pour Marina Doria. Leur mariage civil a lieu à Las Vegas (Nevada) en 1970, la noce religieuse un an plus tard, à Téhéran, en présence du chah et de la princesse Pahlavi, avec qui il a noué des liens étroits d’amitié.
L’été 1978 marque une rupture dans la vie du prince exilé. Alors qu’il est en villégiature dans sa propriété de Cavallo, en Corse, Victor-Emmanuel se retrouve protagoniste d’une rixe : un plaisancier italien a emprunté le canot pneumatique amarré à son yacht. Furieux, le prince veut l’effrayer à coups de carabine. Non loin de là, un jeune Allemand de 19 ans, Dirk Geerd Hamer, prend une balle perdue. Il mourra quelques semaines plus tard. Le scandale fait la « une » de la presse internationale. C’est le début d’une longue procédure judiciaire, qui s’achèvera en 1991, devant la cour d’appel de Paris. Le prince est acquitté de l’homicide, mais est condamné pour infraction à la législation sur les armes.
Il vous reste 39.59% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

en_USEnglish